Les déséquilibres de l’économie américaine et la logorrhée du président Trump n’y changeront rien.
La Bundesbank a annoncé lundi qu’elle allait dorénavant incorporer le yuan dans ses réserves de change, une manière de reconnaître la puissance croissante de la Chine. Mais si l’Empire du milieu est devenu la deuxième économie de la planète, sa monnaie demeure quasi inexistante dans les réserves mondiales, alors que le dollar en pèse près des deux tiers.
L’annonce est d’abord symbolique. Des yuans chinois s’empileront bientôt dans les coffres de la Bundesbank, parmi les 167 milliards d’euros de réserves de change et d’or de la toujours puissante Banque centrale allemande. Cette décision, révélée lundi à Hong Kong par un membre de son directoire, suit de peu celle de la Banque centrale européenne (BCE) : en juin, cette dernière avait converti en monnaie chinoise l’équivalent de 500 millions d’euros de ses avoirs en devises.
C’est extrêmement modeste, mais à chaque fois la portée du geste est autant technique que politique. Ce fut aussi le cas lorsque le FMI a décidé d’intégrer le yuan dans le panier de ses monnaies de réserve à l’automne 2016. La Chine est en train de s’ouvrir au monde et d’internationaliser ses marchés financiers, ce que traduit parfaitement l’émergence de sa devise dans la cour des grands.
Mais « toutes les choses sont difficiles avant d’être faciles », dit le proverbe chinois. Mastodonte économique, le yuan reste un nain monétaire dans les livres de comptes des banquiers centraux. Dans ce domaine le dollar écrase toujours ses partenaires, son poids a même eu tendance à s’accroître ces dernières années. Selon les derniers chiffres du FMI, le billet vert représente aujourd’hui 64 % des avoirs des banques centrales. Une proportion sans commune mesure avec la taille de l’économie américaine, qui n’assure plus que 20 % du PIB mondial. L’euro pointe à la deuxième position (20 %), très loin devant le yen japonais et la livre sterling (4,5 % chacun). À 1,12 % le yuan est encore quasi inexistant, même s’il peut s’enorgueillir de faire un peu mieux que le franc suisse (0,17 %) ! (Suite de l’article)
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